Ecrit, réalisé et produit par Antoine Guillot
Avec Noémi Bechelen et Anny Vogel
Musiques de Florence Sauveur
février 2010
Court résumé.
Raphaël est un jeune homme. Il n’a que 20 ans…peut-être 21. Il ne s’en souvient pas. Raphaël ne se souvient de rien. Raphaël a oublié d’où il vient. Il a oublié qui il est. Il ne lui reste que deux choses : l’amour pour sa mère et l’espoir d’un jour, comme tout le monde, pouvoir être heureux. Il veut être heureux. Il espère. Il sourit. Ses dents sont blanches, ses yeux sont clairs. Raphaël, je crois, est heureux.
Synopsis.
Raphaël rêve.
Il rêve qu’il parle, et que quelqu’un l’écoute.
Il rêve qu’il parle de lui, de la vie, de sa vie.
Il rêve qu’il est torse nu devant ce grand et beau pont, ce soir.
Mais Raphaël se fout de cette fraîcheur du soir, parce que Raphaël rêve qu’il est heureux.
Raphaël ne jouit d’aucun bonheur, il ne dort pas assez pour rêver qu’il jouit de ce qu’on appelle le bonheur.
Raphaël, lorsqu’il rêve d’un bonheur, ce n’est pas du sien.
En réalité, Raphaël ne vit rien qui ne s’approche de lui, il vit tout de l’extérieur, il regarde tout avec ses yeux clairs et brumeux, sa peau sombre et sèche.
Raphaël n’a plus aucune mémoire, ni du passé, ni du présent, et encore moins de l’avenir.
Mais Raphaël, pour passer le temps qu’il ne voit pas passer, marche dans la rue, court parfois, rencontre des gens qu’il ne reverra jamais, ou bien qu’il reverra sans s’en souvenir, comme s’il était éternellement condamné à revivre les premières fois.
Raphaël marche, donc, dans ces rues, les rues de cette jolie ville qui n’est pas et ne sera jamais la sienne ; il marche, et rencontre une dame, une vieille dame, qui a des mains magnifiques, qui a un regard étrange, et qui intrigue Raphaël. Alors, il s’approche, il lui baise la main. Et il s’en va. Et elle le suit. Et ils se donnent un rendez-vous dont Raphaël n’aura plus jamais aucun souvenir. Même pas lorsqu’ils se recroisent, le lendemain, devant ce pont dont Raphaël rêve lorsqu’il le peut. Ce pont qu’il prend en photo chaque jour, pour ne pas oublier. Pour ne pas l’oublier, celui-là. Ce pont qui sera le lieu de leur première rencontre.
Inscrire dans le cinéma une beauté élitiste pour tous.
« Je voudrais vous demander quelque chose.
La terre, elle tourne en rond, c’est bien ça ?
Pourquoi n’avons-nous pas constamment la tête qui tourne ?
Si elle tourne, et que nous sommes sur elle, nous tournons aussi. Non ?
D’accord.
Avant de continuer, je dois vous dire que j’ai le coeur gras. Je suis malade. J’ai le coeur gras, mais c’est ma tête qui est encrassée. Je suis malade. Une sorte de corps étranger dans mon cerveau. Qui m’empêche. Je suis malade, et en plus je fume, pour mourir plus vite…de toute façon la maladie de la mort, on l’a tous.
Je vais bientôt y passer. Dans l’autre endroit dont tout le monde parle. Vous je ne sais pas, mais moi je sais que je vais bientôt y passer.
Bonjour la tristesse !
C’est pour ça qu’il n’y a pas d’enfants, uniquement des personnes qui ne sont pas conscientes de ça. De la maladie de la mort.
Vous m’avez attrapé par mon égo. Alors que, bien utilisé, c’est ce qui fait la force d’un homme, l’égo. Vous avez voulu me détruire.
Quand je savais jouer, je l’avais mon égo. Quand il a été détruit, par la force suprême, je ne
savais plus jouer. Maintenant, c’est trop tard. C’est trop tard depuis longtemps déjà. Je n’ai pas su me battre contre ça. La force suprême. Quel fléau! Tout ce contre quoi je me battais quand je jouais. Maintenant, c’est trop tard.
“Penser en accord avec soi-même.
Penser en accord avec tout autre.
Toujours penser en accord avec soi même.” (Kant)
J’ai lu ça autrefois.
Voyez-vous ce splendide paysage?
Moi aussi, je le vois. Je ne vois que ça. Vous avez la chance de voir ce paysage, et devant ce paysage, un homme. Beau, plutôt bien foutu. Mais moi, cet homme, je ne le vois pas. Parce que c’est moi. Ce n’est pas possible de se voir soi-même devant un paysage. A part dans un film…ou un rêve. Je rêve parfois. Je ne dors pas beaucoup et quand je dors, je rêve ; autrement dit, je ne suis jamais tranquille. Parfois, je rêve que celle qui m’aime me voit. Je rêve parfois qu’elle est parmi vous. Que je ne l’aime pas. Jamais. Que je ne l’ai jamais aimée. Qu’elle est triste parce qu’elle ne m’a jamais cru quand je lui disais qu’elle est la femme de ma vie.
Je demande un litre d’opium….par jour, on me dit que ça pourrait me faire du mal….mais comment peut-on faire du mal à un mort?
J’aimerais bien pouvoir dire à tout le monde que je suis mort pour la première fois il y a X années…ça fait bien. Mais ce n’est pas possible. »
Extrait du film « Le reflet de mes yeux » écrit et réalisé par Antoine Guillot