Texte de Biljana Srbljanovic
Avec Noémi Bechelen, Michaël Maïno, Malory Guarnieri, Cristina Scagliotti, César Beretti et Antoine Guillot
Mise en scène de Antoine Guillot
Novembre 2011
Inscrire dans le théâtre contemporain une activité élitiste pour tous (partie III).
Je ne sais plus si c’est l’homme qui fait l’art, ou l’art qui fait l’homme. Cependant, un besoin pressant d’exposer au monde ces choses si importantes et pourtant si banales de notre vie quotidienne à tous, se fait sentir. Devoir se battre pour pouvoir crier au monde le devoir que nous avons en tant qu’homme de ne pas ‘s’auto-aliéner’. Dire, à ceux qui le savent un peu, que nous devons nous extraire de notre propre vie pour courir vers une sorte de vérité suprême qui n’existe pas, et pourtant que nous cherchons toujours. Murmurer à ceux qui ne s’en doute même pas qu’il existe autre chose que ce qu’il y a à la télévision. Hurler cet espoir à ceux qui croient chercher cette suprématie de l’âme et qui pourtant s’inscrivent dans une démarche épuisée depuis des décennies. Voilà notre problème ; tout est épuisé. Tout a été fait. Tout a été défait. Lourd héritage que lèguent nos parents, génération sacrifiée par leurs propres parents. Pas le choix. Nous devons nous battre, nous devons reconstruire un monde. C’est beau…et comme toute beauté…c’est difficile, arrachant, épuisant et destructeur pour l’entrepreneur, c’est un sacrifice de nous même.
C’est aujourd’hui avec cette fabuleuse pièce, inscrite dans ce que j’ai depuis le début projeté comme le dernier maillon d’une trilogie, après « Quartett » de Heiner Müller, « L’empereur de la perte » de Jan Fabre, que nous transcendons l’œuvre de Biljana Srbljanovic, « Amerika, suite », pour poser les premières pierres de cette reconstruction du monde. De ce combat contre la destruction du grand esprit humain créateur. Retour au sur-homme. Balayage d’années de perditions. Il est là, plus fort que tout, le nouveau monde qui s’imposera à nous.